Seroplex et autres désagréments

Quand Milo s'est effondré j ai encaissé. 

Quand la question de l hospitalisation s'est posée, imposée même, j ai encaissé. 

Quand l' Atharax puis Tercian lui ont été prescrits...j ai encaissé.

Quand le Doc J m a demandé mon accord pour le Seriplex j ai encaissé aussi.

Quand Milo m'a confié qu'il voulait revoir Louis XIV j ai encaissé grave...

Définition du Larousse du verbe encaisser : subir quelque chose de désagréable. Supporter.

C est un euphémisme en ce qui me concerne !

Le Docteur J

Alors le DrJ à priori ce n est pas ma copine. Elle a suivi Milo alors qu' elle etait interne au CMP. Il montrait déjà des signes inquiétants. Quand il parlait de son père il craquait complètement. J ai des souvenirs de Milo effondré dans mes bras, en pleine rue après une séance avec ce Doc, nous étions un peu livrés à nous même.  Il avait déjà des problèmes de sommeil, il n y avait pas de suivi, pas de solution.

Quand j'ai emmené Milo aux urgences, le pedopsy de garde, manque de bol, c était le Docteur J. Et quand nous sommes arrivés à  l' hôpital S, et bien nous avons été accueillis pas le Dr J....à croire qu'il n'y a qu'un pedopsychiatre à Marseille!

Seroplex

Nous avons fait un point hier donc avec ma copine le Dr J. Elle m a expliqué que Milo avait un trouble anxieux généralisé depuis longtemps ( tiens elle n a rien fait mais elle l' avait remarqué à l époque ?) Il fallait traiter ce problème de fond en priorité. Elle évoque la mésentente qu il y a entre son père  et moi et nous met sur le même plan. Je tape du poing sur la table. Je ne peux pas laisser passer ça.  Je lui rappelle que Milo a subi des violences psychiques de la part de son père, qu il en a parlé à plusieurs reprises et que ce serait bien qu il soit entendu et que ce soit pris en compte. 

"- oui ok je peux recevoir le papa si vous voulez" ( m'enfin!). Au fond j ai l impression qu elle me fait comprendre que nous nous renvoyons tous les deux la balle, c est dur.  La société protège et écoute le père au lieu de protéger l' enfant qui a subi...je suis révoltée mais ce n est pas le moment. Elle continue et me détaille le mécanisme : malgré son trouble anxieux, jusqu à maintenant Milo a réussi à trouver les ressources pour gérer. Mais le stress est monté à un tel niveau que cela a commencé a atteindre son humeur, il a commencé à voir tout noir et est tombé en depression.

-"la dépression c est comme une blessure. Il faut la soigner pour qu' elle cicatrise bien. Les antidepresseurs redonneront les ressources à Milo pour affronter les evenements difficiles. Nous avons choisis le Seroplex blablabla

-"okok

- j ai besoin de votre accord, vous pouvez réfléchir. 

- je vous fait entièrement confiance (sic). Jusqu à maintenant j ai toujours trouvé des outils pour rassurer Milo dans les périodes difficiles. Aujourd'hui ma boîte à outils est vide. Je me repose donc sur vous. Je vous donne mon accord tout de suite.

"- nous allons devoir garder Milo 10 jours de plus pour gérer les effets secondaires. Le traitement dure 6 mois 

Mon titou sous antidepresseur...à 15 ans....dur.

Je file au travail. Je ragarde ma tronche dans le miroir. J ai pris 10 ans et puis je ressemble à un panda. Je fonce chez Monop, rayon ravalement de façade : fond de teint, anti-cernes, poudre, eye liner etc...30 min plus tard je ressemble à une péripapeticienne de Province mais au moins ça fait le boulot!

Milo

Milo va de mieux en mieux. Il a de nouveau des envies, il rit, il est plus détendu. L'hopitalisation lui fait du bien. Le ballon de foot que lui a offert Louis XIV est son meilleur ami. Quand je lui demande s'il a envie de sortir, il me répond toujours la même phrase : non je me sens en sécuritité ici.

- mais par rapport à quoi?

- par rapport à moi.

(j'encaisse)

Aujourd'hui j'ai du lui annoncer qu'il ne pourrait pas partir en Angleterre avec sa classe puisque c'est la semaine prochaine et qu'il sera encore à l'hôpital. Ce voyage, il en parle et en rêve depuis le mois de septembre. Son regard s'éteind, il se renferme sur lui-même, il ne dit rien. Je ressens une immense peine pour lui. Il est 19H, il nous raccompagne...

Lisette

Ma Listte gérait très bien la situation jusqu'à hier. Cela m'inquiétait presque d'ailleurs (mère juive). Je lui ai demandé en début de semaine si elle n'était pas trop triste, si ce n'était pas trop dur pour elle.

- Non je suis rassurée pour Milo, au moins il est soigné et il n'est pas chez papa. C'est bien pour lui.

- OK ok

Elle va le voir tous les jours entre 17h et 19H. La semaine dernière il était tellement mal qu'il ne voulait pas qu'elle le voit dans cet état. je pense qu'il se sentait rabaissé et qu'il est très attaché à son statut de grand frère "marseillais". Finalement il à cédé dimanche. Ils se sont serrés dans les bras. Qu'est ce qu'ils s'aiment ces Deux là! ILs étaient heureux de se retrouver.

-qu'est ce que je dis aux copains s'ils me demandent où tu es?

- tu leur dis que j'ai une jambe cassée

- ba nan quand même Milo

- bon tu leur dis un orteil cassé c'est cool! Ou sinon tu leur dit que j'ai la chiasse

- la chiasse pendant 3 semaines?

Nous rions à gorges déployées.

Cependant, derrière cette légereté qui fait du bien, se glisse la problématique de la honte face à la dépression. C'est compliqué d'en parler, même à ses meilleurs amis.

Lisette a fini par craquer hier soir. Elle pleurait à chaudes larmes, elle ne pouvait plus s'arrêter. Je l'ai emmené dans mon lit pour faire un câlin, le temps qu'elle se calme.

"-dis moi...

- Milo il me manque trop. Quand je me lève le matin il n'est plus là, le midi non plus, le soir non plus. C'est trop dur!

- La période n'est pas facile mais le plus dur est derrière nous. Il va revenir à la maison bientôt et en pleine forme. Tu vas retrouver ton titou qui te fais des peurs bleues dans le couloir, te piques des bonbecs dans ta chambre en ton absence, et prend toute la place dans le canap!.

J'arrive péniblement à lui arracher un sourire. En même temps je suis tellement peinée que je ravale mes larmes tout en essayant de la rassurer. Pas sûre d'être mega efficace sur ce coup là!

Me vient alors une idée de génie :

- tu veux regarder un concert de Beyoncé sur Netflix?

- ba oui!

Nous voilà blotties toutes les 2 devant le popotin de Beyoncé moulé dans un short XXS, les cheveux au vent, entonnant des tubes repris par la foule immense de Coachella. Les soucis sont loin, je respire.Enfin.

Beyoncé, you saved my day, I owe you one!