Jour J

Ce moment que j apprehendais depuis quelques jours : l entrée à l hôpital pour Milo

Quelques couloirs un peu glauques et nous y voilà.  La chambre semble plaire à Milo. L infirmier est très chaleureux. Il demande à Milo s il a un rasoir un miroir des ciseaux etc..Ça plante le décor. Le rendez-vous avec l interne dure 1 heure. L infimier assiste et prend des notes. L interne pose plein de questions à Milo sur lui, sa vie, comment il se sent. Il ne parle quasiment que de son père, sur ce qu il a subi ces 4 dernières années. C est dur.  Parfois j interviens pour parler de l école  mais il revient toujours à son pére. Il a les larmes aux yeux mais Je sens au fond qu il est content d être entendu. La culpabilité m envahit  pourquoi n ai-je pas reussi à lui récupérer la garde de Milo? Comment ai-je laisser faire? Ces dernières années défilent, les questions les doutes les craintes que j'avais, les crises de Milo, Fabien qui me rassurait, je me sentais seule demunie face aux decisions à prendre...et pourtant je le sais s il etait revenu avec des bleus, des blessures physiques j aurais reussi j aurais fait ce qu il faut.  Je l écoute parler les larmes me montent. L interne demande s il y a deja eu une enquête sociale. Milo raconte la venue d'une personne à plusieurs reprises chez son père, cela semble correspondre. Pourquoi n ai-je pas su? L impression que toute ma vie s écroule...pas le moment de craquer. 

Je reprends du poils de la bête quand la question des horaires de visites se pose : 17-19h. "Et quand on n est pas fonctionnaire comment fait on? Savez vous que dans le privé nous finissons à 19h? Et pire parlons des independants" . Oui mais c est le règlement ...j arrive à obtenir une derogation pour vendredi....la double peine. 

L entretien n est pas tout a fait fini mais je dois reprendre le travail. Ce fameux moment fatidique, je me le suis repassé en boucle, j apprehendais tellement. Je sers Milo ds mes bras, c est trop dur...je m échappe j ai le temps de voir son menton trembler, son regard humide, il retient ses larmes. Terrible. 

Je cours dans les couloirs.  Ne pas craquer maintenant. Attendre ce soir,  dans mon lit en mode loose intégrale. 

20h j ai fini. Je m écroule au travail. Je sors, ferme le volet roulant, lunettes de soleil sur le pif alors qu il fait presque nuit. Je suis au bout de ma vie.

Je vois une silhouette se diriger vers moi. Je rêve! Louis XIV, mon ex! 4 mois qu il me harcèle de mails sms appels, qu il crie son amour pour moi.  Je suis sans voix. Il me prend dans ses bras, je m effondre. Je lui raconte. Il chiale.

Je ne peux pas parler. Manquait plus que ça! Mais quel bazar dans ma life! Mais pourquoi je ne suis pas mariée au même mec depuis 20 ans, pourquoi je ne suis pas foncrionnaire, pourquoi mais pourquoi ????

" t as maigri! T as pas mangé depuis quand?"

- hier

- je te ramène chez toi on se fait un deliveroo?

- Sais pas

- on se fait un resto?

- sais pas 

- bon je t emmène au restau on y va en scoot ou on prend ma voiture ?

- sais pas.

Là au moins il n est pas déçu du voyage. J ai l impression d être un robot, d être là et pas là...

21h Milo m appelle nous sommes au restau. Il ne va pas bien. Il ressent une grande solitude s ennuie. Il commence à réaliser. Bienvenue a l hôpital pépère.  Il a une boule dans la gorge. Pas de wifi pas de télé c est dur. J appelle le service. "Milo n est pas très bien ce soir" " ok on va passer le voir".

Je chiale. Je mâche péniblement mes pâtes à la truffe. Je pense à Milo tout seul dans sa chambre et je regarde mon ex qui me dévore  du regard. Comment tout cela est arrivé?

Je touche le fond